Télétravail, crise sanitaire, services complets en quarantaine… Les étages du premier quartier d’affaires européen sont presque vides. Plus d’un an après l’apparition du virus, la Défense tente tant bien que mal de faire face à la crise. De plus, à cette désertification vont s’ajouter les nouveaux bureaux disponibles des toutes nouvelles tours qui se sont dressées dernièrement. Alors, va-t-il y avoir trop de bureaux vides à la Défense ? Quel avenir pour les célèbres tours du quartier d’affaires ? On fait le point dans cet article.

Un quartier à l’arrêt

Alors même que les achats et locations ont littéralement chuté de 42 % en 2020 en Île-de-France, la Défense affiche un chiffre plutôt rassurant : + 32 % pour la location ou l’achat de bureaux pour ce quartier. On pourrait donc penser que les affaires vont bon train et que les tours de la Défense se remplissent à vue d’œil.

Mais, détrompez-vous, ce chiffre est très loin de refléter la triste réalité qui touche les locaux franciliens, et il s’explique en partie par les deux grandes transactions qui viennent tout juste d’être réalisées. Tout d’abord Total, qui a annoncé que son futur siège prendrait place sur 130 000 m², dans le gratte-ciel The Link. Ensuite, le groupe Sopra Steria, qui a choisi l’immeuble Latitude pour installer ses bureaux sur 22 000 m². Mis à part ces deux grands évènements, le nouveau quotidien des espaces de travail de la Défense reste plutôt morose.

Et la crise sanitaire est venue mettre en évidence des problèmes déjà connus à la base, comme la saturation des transports en commun qui desservent ce quartier d’affaires. Même si de nombreuses entreprises avaient déjà tenté de décaler les horaires de travail pour désencombrer les routes et les transports, le télétravail a définitivement démontré ses atouts. La fourmilière qu’était auparavant la Défense a littéralement changé de visage.

Une offre abondante

Même si de nombreux travailleurs se rendent encore chaque matin dans les multiples tours de Puteaux, la fréquentation a tout de même baissé de plus de 40 %, ce qui a laissé pas mal d’espaces de travail vacants. Et l’offre de locaux disponibles devrait bondir davantage avec la livraison et l’ouverture de nouvelles tours comme Trinity, Alto ou encore Eria. Ces milliers de mètres carrés supplémentaires vont donc s’ajouter aux nombreux bureaux vacants comme ceux de la tour Areva, désertés depuis le début de la crise sanitaire. Mi 2022, ce sera au tour de Hekla de proposer ses 76 000 m² de bureaux à la location. Les travaux et les constructions se multiplient donc malgré le contexte. Alors, comment expliquer cet optimisme face à cette désertification ?

Tout simplement parce que les professionnels sont relativement confiants et comptent sur la solidité des fondamentaux du plus grand quartier d’affaires d’Europe pour sortir la tête de l’eau. De plus, la Défense sera bientôt mieux desservie puisque reliée aux gares Saint-Lazare et Gare du Nord avec la livraison d’Éole. Sans oublier la dynamisation du quartier et le nombre d’espaces verts qui devraient attirer du monde. Les visites se poursuivent en effet et les tours ne manquent pas de susciter l’intérêt et la curiosité des entreprises. Il faut également reconnaître que les loyers y sont aussi nettement plus abordables que dans le Quartier Central des Affaires de Paris.

De plus, les locataires actuels peuvent sous-louer leurs bureaux afin d’alléger leurs charges et se relever tout doucement de cette période. Et puis, l’immobilier est fait de cycles, c’est bien connu. Alors, ces avantages suffiront-ils à la Défense pour reprendre du poil de la bête et retrouver son visage “avant-Covid” ? Seul le temps nous le dira, mais les experts restent très confiants.

Vers une réinvention des bureaux

Les usages vont certes changer, mais le besoin de bureaux sera toujours là. Et quand bien même de nombreuses entreprises diminuent le nombre de mètres carrés nécessaires à leur activité, elles auront malgré tout besoin de locaux, notamment pour accueillir les salariés qui ne souhaitent pas ou ne peuvent pas télétravailler. Car oui, même si le homeworking a séduit plus d’un travailleur, il n’a pas fait l’unanimité et nombreux sont les collaborateurs à vouloir retrouver leur bureau.

La juxtaposition du télétravail et de la présence au bureau serait peut-être une solution pour l’avenir ?

Le recours au flex-office pourrait également être une idée. La Défense aura donc toujours son rôle à jouer puisque les entreprises auront encore besoin de locaux pour installer leur site principal ou leur siège social.

L’heure est donc à la réinvention du bureau. En effet, si le secteur de l’immobilier tertiaire veut compenser cette année difficile, il devra redoubler d’ingéniosité. Moins de mètres carrés, mais une surface mieux exploitée, plus de flexibilité dans les baux commerciaux, plus de plateaux modulaires, plus de services, mais aussi davantage d’espaces verts et de nature seront nécessaires pour séduire les entreprises. Et on peut dire que la Défense est plutôt bien dotée en cette matière.

Le bureau n’est donc pas mort, mais le changement et la rationalisation des surfaces sont à l’étude.

Malgré les efforts en matière d’accessibilité et de services, la Défense n’a pas fait exception à la règle et a elle aussi subi de plein fouet les effets collatéraux de la crise sanitaire. Alors, les bureaux vacants et les nouveaux locaux trouveront-ils preneurs ? Même si les experts sont confiants et que la Défense n’a pas dit son dernier mot, la “réinvention du bureau” semble malgré tout inévitable.